Lisbonne : la spéculation immobilière transforme la ville en cauchemar pour ses habitants

Lisbonne : la crise du logement et ses conséquences

La situation actuelle à Lisbonne est alarmante : alors que les prix des loyers continuent d’augmenter, la population diminue, mettant en péril la vie de nombreux habitants. Des histoires comme celle de Manuela, une étudiante qui vit sur le sol d’un ami après deux mois de recherche d’un logement, illustrent le désespoir croissant des Lisboètes face à un marché locatif insoutenable.

Une réalité de plus en plus précaire

Manuela n’est pas un cas isolé. De nombreux résidents de Lisbonne, comme Leston, font face à des obstacles majeurs pour se loger, souvent contraints de payer plusieurs mois de loyer à l’avance. Selon des études récentes, les Lisboètes doivent consacrer jusqu’à 60 % de leur salaire pour se loger, un fardeau insoutenable, surtout pour ceux qui perçoivent un salaire minimum.

Un marché immobilier en crise

Lisbonne a été récemment classée comme la troisième ville la moins viable au monde pour vivre, dépassant des villes comme Paris et New York. Entre les années 1980 et aujourd’hui, le nombre d’habitants dans le quartier historique de l’Alfama est passé de 20 000 à seulement 1 000. Cette exode forcé empêche toute vie communautaire, qualifiée de « violente » par la chercheuse Ana Gago de l’ULisboa.

Pauvre gestion urbaine et essor du tourisme

Les politiques gouvernementales ont été largement critiquées pour leur focalisation sur le tourisme comme moteur économique. Après la révolution des œillets en 1974, qui a mis fin à la dictature, le pays a connu une montée en puissance du secteur touristique, souvent au détriment des résidents locaux. Selon Simone Tulumello, les gouvernements ont misé sur des activités à faible valeur ajoutée, laissant de côté les besoins fondamentaux des citoyens.

Les conséquences de la spéculation immobilière

La transformation de Lisbonne en destination prisée des touristes a conduit à une augmentation des loyers et une pénurie de logements abordables. Malgré une demande croissante, la ville a perdu 6 000 logements en une décennie, la plupart étant convertis en locations de courte durée via des plateformes comme Airbnb. Cette tendance, qualifiée de tourisme-speculation, a exacerbé la crise du logement, laissant 48 000 logements vacants dans la ville.

Un besoin urgent d’intervention

Les autorités locales ont jusqu’à présent échoué à mettre en œuvre des mesures efficaces. Le Programa Renda Acessível visait à créer 7 000 logements abordables, mais n’a produit que quelques centaines d’unités. Des stratégies plus audacieuses, comme l’expropriation des logements abandonnés pour en faire du logement public, sont en attente.

Vers un avenir incertain

La situation est complexe et les solutions sont encore à discuter. Les mouvements d’activisme, comme Habita!, se multiplient pour faire pression sur les décideurs. En attendant, avec l’arrivée d’une nouvelle administration qui semble ignorer le problème, il est crucial que les citoyens continuent à exiger des changements significatifs.

Crédits

• Jacobin – Perspectives sur la politique, l’économie et la culture
• Real estate speculation has made Lisbon one of the world’s most unlivable cities
• The cost of living crisis
• Portugal after the eurozone crisis
• Programa Renda Acessível
• Habita! – Groupement d’activisme pour le droit au logement
• Inside Lisbon’s housing crisis